DANS UNE FORET

00h12, Le 13/08/22

Il est 00h12, je dois me taire et cet instant n’a rien d’égal. La lune enveloppe mon véhicule et une forêt me protège. Un chemin interminable de sable fend ces milliers de troncs élancés vers l’univers. J’accède à une perfection du présent.
Quelle prétention oserait perturber ce silence ? Qu’ai-je à gâcher ? Internet est interrompu, mon moteur sommeille, les veilleuses sont immobiles. J’oublie la vie ici.


Disparaître. Effacer le temps. Dans cette pénombre, enfin, tout est clair.


« Somewhere over the rainbow » apaise mes sens et du bout des branches tombantes, les larmes, la sérénité et la vérité m’ont touché.
L’égo s’absente et mon bonheur est inévitable.


Tôt dans la soirée, je dînais avec 2 allemandes et 6 mois s’étaient écoulés depuis notre rencontre en Espagne à l’occasion d’un encombre.


Les silences timides, la barrière de la langue, la différence d’âge et les discussions anodines : ce moment partagé était léger. Un élan de nouveauté emportait cette soirée et la sincérité de nos sourires nous rassemblaient.


Les tables vides offraient un silence parfait à nos échanges et leurs jeunes regards me plongeait dans une immensité d’innocence. J’écoutais leurs vues neuves sur le monde et admirait leur jeunesse nouvelle comme le renouveau d’un cycle vertueux. Un infini sacré qui délicatement change le monde et assoupli la maturité.


Puis on s’est dit au revoir avec chaleur, les mains hésitantes. Nos adieux tremblants, on aurait aimé que le moment se prolonge, mais demain réclamait.


Les phares de la voiture ont éclairé l’horizon, je peinais à accélérer, un pincement au cœur m’en empêchait.
Dans le lointain, je me suis engouffré, j’ai disparu et de ce diner improvisé, de cette soirée banale, est resté le souvenir d’une justesse inégalée.

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