AU PIED D’UN ARBRE

12h07, Le 09/08/22

La paix de cette forêt est propice à la clairvoyance. Je m’approche du présent en voyageant. Que de projections, d’inquiétudes, de préoccupations face à l’avenir ! Le matérialisme, la performance, je les pensais oubliés.
Non, en les fuyant, mon esprit les emmène avec moi. Cette forêt de WIETMARSCHEN est sans bruit. L’onde d’une autoroute se fond entre les conifères. Ce moment est unique. Je pense enfin.
Que d’absolu faut-il pour être soi !


Ce silence condamne le vacarme mental des métropoles. Le quotidien est tel une sangsue sur ma ferveur : Le réveil sonne, quatre notifications, les moteurs s’engouffre par la fenêtre, l’habitude m’assourdit. Mon corps se lève, mon esprit se couche, je bois un café. Le paraître prime sur la fatigue. Gesticuler. Une radio et ses sollicitations, une publicité s’impose sans politesse dans mon esprit. Une fois le seuil de mon lit franchit, mon âme est un hall de gare et la rue sent mauvais. Les carcasses métalliques s’entassent.
Pression ? Oppression ? Je ne sais plus. L’éponge est sèche, mais la goutte matinale reste à exploiter. La rosée est surtout rentable.


Je m’approprie ce proche rendez-vous : il est à moi. Mon client est tendu et sa façade, souriante. Soit présentable. Irréprochable. Les heures défilent et la légèreté en est absente. Je serre une main moite, il signe son inconfort, son corps souffre : Il s’exprime.


La fermeté de ses mots était peureuse et ses yeux divulguaient des reflets pécuniaires. C’est nécessaire paraît il, c’est notre société : La maladie moderne du superflu.


Je longe des commerces et l’animal en moi s’affole. Toutes mes failles cérébrales sont exploitées : sucre, apparence, sexe, matérialisme.


Je m’évade de ce boucan incomplet et à vif pour me réfugier dans une maison créditée. Ma réflexion vaincue, la peur comme seul horizon : Les manques s’installent.


Je sue, je m’épuise pour ce 3 pièces que je ne possède pas. Vivre coûte. Dormir se mérite et les écrans aplatissent le peu de lucidité qu’il reste.


Des mois de travail pour cette salle de bain moderne. Un jet d’eau, une serviette, une brosse à dent. Je culpabilise, j’ai perdu mon temps.


Rien n’est sensé manqué dans mon salon, pourtant mon repos s’en est exilé. Mes loisirs ne m’apaisent pas, ils me frustrent. Je règle des faux problèmes, sources des prochains. Ma vie m’échappe.
Je fixe mon téléphone : Les discussions sont superficielles, les publicités déprimantes, les stimulations prévisibles.


Je m’évade, j’enfile une veste abimée. « Il faudrait que tu la changes ! ». Je n’en peux plus.
Je rêve d’accomplissements. Le piano ? Demain. Le dessin ? Demain. La nature ? Demain. L’inutile nous soumets, l’utile nous décourage.


Cette lutte n’en finit plus, je rends les armes, faute de les brandir. C’est une révolution avortée. Une défaite intime.


Le lendemain n’y changera rien. L’objection est immédiate sinon elle ne sera jamais.


Mes paupières s’entrouvrent : C’est ici, Maintenant.

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