


DANS UN HÔTEL
15h20, Le 14/11/21
Finalement, nous ne transgressons qu’une seule et même dimension : le temps. En quête constante d’un état nouveau, notre esprit ne s’est pas déplacé d’un quelconque millimètre.
Le sentiment que demain est un jour meilleur, que mon moi renouvelé s’y trouve meilleur, supérieur et plus complet, est un mensonge grotesque mais Ô combien ficelé d’une prestidigitation stupéfiante.
Rien ne s’octroie dans ce monde. Rien n’est possédé pas même notre propre existence. Mon esprit ne m’appartient pas, et c’est ici la révolution. Mon corps, mon âme, Sombres machinations. Le corps bien indifférent de mes espérances. Mon esprit, totalement méprisant de ce qu’il me faudrait réellement. Si « être » se possède, si j’ai la moindre emprise sur mon existence, qu’en est il des milliards d’actions qui se déroule chaque seconde en moi-même sur lesquelles je ne décide pas la moindre interstice ? Qu’en est-il d’un cancer qui s’installe sans mon consentement ?
Quiconque a sondé avec justesse et profondeur l’architecture mentale et comportementale, a décelé le caractère prédéfini de notre vie. La structure inébranlable du soi. A l’instant où je souhaite lutter, me défaire du joug, le voilà qui se renforce de plus belle ! Où pourrais je trouver liberté dans cette prison ?
Peut être dans l’acceptation totale de notre propre condition définie. En concevant la pensée comme un bruit quelconque : Ce qu’elle est. Sons, clavecins, trompettes et tambours. Aussitôt sonores, je ne suis plus, tout est alors mélodie sans valeurs intrinsèques. Je pense donc je suis est une erreur, presque. Penser n’est pas agir. Le phénomène intellectuel au même titre qu’on bourgeon qui s’offre à la fleur naissante n’est pas. Il se subsiste tout au plus, il se prolonge, il se meut mais « n’est » pas. Il prend son existence dans sa succession d’états et son caractère implacable.
La liberté est une condamnation. A l’instant où je la poursuis, me voilà prisonnier de mon aspiration. La voilà me dictant que faire pour l’atteindre, la marée élèvent d’immenses vagues, le remoud commence, l’affrontement d’idées éthérées luttent les uns contre les autres. Changent de camps dans une guerre où la brume confond les ennemis et les alliés. On s’égare, on se perd dans nos principes. Vaincus, on vient de se soumettre aux dictats, aux stéréotypes, à notre vécu.
A tous les guerriers en soif de victoires, d’un idéal libre. Ne cherchez jamais la liberté. C’est elle qui vous trouvera lorsqu’elle aura disparue de votre vie. Elle est insaisissable car son concept nous condamne. Laissons le Graal dans son mystère. L’homme libre a abandonné le vouloir au prix de l’agir. C’est dans l’absence de confirmation intellectuelle que l’on découvre un ressenti libre dans l’existence.
Nous avons 2 dimensions dont l’une surpasse l’autre par son vacarme. L’une : La pensée, bruyante, encombrante, hurlante. La deuxième : le senti, l’instinctif. Le timide, le caché qui reçoit au lieu de percevoir. Qui vit au lieu d’interpréter. Et c’est lui qu’il faut poursuivre pour s’affranchir de soi et vivre la liberté.