


EN PLEINE FORÊT
7h32, Le 23/11/21
J’aime cet instant. Je m’y raccroche comme à la femme que j’aime le plus. Ce sentiment d’éternité. Ici ou là, je me dépossède, ferme les paupières, silencieux et l’individu en moi se tait.
Un stylo : le papier craque et s’exprime. Une force m’amène ici, mon cœur épuré, parle. Cette situation indéfinissable comme un orgasme. Une valse pour faire danser les directives, le quotidien et sa précarité.
Au coin d’un restaurant, attablé dans une bibliothèque, assis sur un banc, affalé dans l’herbe, l’éphémère est irrésistible : j’écris. Je recouvre l’insolence et sa tyrannie de lettres et de mots. Des syllabes et les circonstances passées s’étiolent.
Des consonnes et mes espoirs se perdent d’avance, la dualité et ses chimères effacés. Caché dans ce refuge, les heures sont calfeutrées. Je sens l’infini à portée de phrases. Mon stylo caresse la rondeur des lettres, comme ma main effleurerait les hanches d’une femme : Tout est délice.
Écrire, c’est frôler l’humain de l’épaule, aussitôt oublier qu’elle est nôtre dans l’absence du réagir. Sentir le spectacle sans être, l’observer sans le voir : je m’oublie.
Tout est clair : On écrit comme on navigue : Seul face à soi-même.