AU BORD D’UN ÉTANG

19h09, Le 01/08/22

Lâcher prise. Oublier l’inoubliable, effacer ce que l’on gravait dans le marbre. On croit tout perdre, mais de l’absence, il reste tout. C’est dans ce brasier que toute ma souffrance se ravive. Chaque nouvelle journée est éventrée d’un quotidien dissipé. Les jours n’ont plus de fins. J’ai beau conduire, avancer, dessiner, composer, écrire : Le temps n’a plus de consistance puisqu’elle est partie avec le sens.


Quitter mon amour, par amour : Quel paradoxe ! Sans issue, toute solution est douloureuse. On regarde l’autre, on enfonce dans son cœur un opinel pendant qu’on l’embrasse. L’inexistence remplace la solitude. C’est un vertige sans fin et la musique en est le supplice.


Assis au cœur d’une forêt, je ne compte plus les arbres, aucun ne me réconforte et toutes leurs feuilles ne seront jamais aussi mortes que moi. Toute cette nature efface la civilisation, c’est la seule muraille qu’il me reste entre la vie et l’amour que je viens d’assassiner.


Je l’ai rêvé, comment ai-je pu ? J’étais prêt à tout pour le réussir et je porte pourtant la culpabilité de l’avoir anéanti. J’ai fouillé par terre, des heures durant une clé, un fil rouge que j’ai perdu. Je l’ai trouvé et je n’ai pu le maintenir :


On ne peut aimer véritablement, si l’on ne s’aime pas soi-même. Gravir les cieux est bien inutile. On ne peut forcer quelqu’un à s’aimer et ne peut recevoir d’amour que celui qui s’en sent légitime.
Les discours grandioses, les lettres interminables, L’engouement tenace. Rien n’y changera.


Qu’est ce qui qui a manqué ?
Il fut un temps, des berceuses pour l’endormir, de la tendresse pour la rassurer, et un peu de considération. Et même si j’ai en moi l’envie de panser sa blessure : aimer, ce n’est pas soigner.
Pourtant, la douleur d’être impuissant était telle que je sentais ce handicap ralentir mon réconfort. On ne reconstruit pas un château fort avec des cartes de jeu. Lentement, minute après minute, on échafaude des années durant.


Un tel labeur ? La patience est inutile, une retraite est nécessaire.
Alors j’ai rompu.


Je dois me taire à tout prix. Dynamiter les ponts. Avoir envie d’hurler combien c’est impossible, mais que l’on doit pourtant s’y contraindre. Tout nous pousse à rebrousser chemin, prendre le premier train, sauter dans un taxi. C’est d’autant plus écœurant qu’une étincelle suffit pour raviver la passion. Juste une seule semaine, une simple seconde à n’importe quel prix.


Cet appel irrépressible de mon intimité me prouve l’union vitale du féminin et du masculin. Mon corps l’ordonne. Cette puissance est sacrée et il n’existe conflit plus complexe que le cœur et la raison.
Que ferais-je demain ? Dans une minute ? Mais c’est à chaque seconde que je lutte contre sa voix, son rire, le ton de ses mots et sa vivacité.


L’édifice s’est écroulé, et des ruines, je redécouvre le sens à l’existence. Seul.
Mais rien ne sert de lutter, le vide est toujours le même depuis notre premier cri, au dernier qu’elle m’a adressé.


Finalement, face à l’existence, après une danse, on marche toujours seul.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *