DANS UN BAR

13h10, Le 10/12/17

La vie sombre

C’est de voir tes amis sombrer
Les voir s’étaler, puis s’enivrer
Gloire à la main, peine et chagrin
Un soir alcalin, l’regard défunt

C’est d’entendre ta vie s’effacer
La voir disparaître, s’égarer,
Au milieu des champs, belle et galante,
l’œil, qui plante. Percevoir l’attente

C’est percevoir la trace de l’égo
Les mains levées, pressées, Broyées dans l’étau
Discours au poing, éteint, et triste
Face à la piste, c’est d’ailleurs ça qui m’attriste

La vie sombre
C’est d’rencontrer ses querelles
Avec un cœur de teckel
Visa en caisse, plate et grise
Fade est l’emprise, la tise, l’attise

Leur triste attitude
C’est les mégots dans les cendards
L’appartement noir de cafards
Bouteilles qui décorent, pétards à pléthore
Le prisonnier du sort a toujours tort

La vie sombre
C’est d’entendre qu’ils s’effondreront
T’éveillant, baïonnette au canon
Musique a fond, soleil en fond
Sueur au front, sommeil de plomb
L’air d’un con, pourtant, t’es loin d’un débile profond

La vie sombre
C’est la lueur d’espoir dans leurs gestes
et le sombre devoir qu’ils leur restent
de détruire leur talent lointain dans l’étang
le soleil que tu t’prends dans les dents

La vie sombre
C’est qu’ils s’effondrent dans tes bras
Quand plus personne autour n’est là
La famille est à l’écart, enfumé par son pétard
La tête, enfoncée dans l’plumard, toujours en retard

La vie sombre
C’est quand tu l’verras lui et son vomi
Pour combler ses nuits d’ennui
Tant, son temps que son mépris
L’encens qui sent, le regard innocent

La vie sombre
C’est l’raisonner pour vouloir l’aider
Le ton sourd, pour pouvoir plaider
L’entendre à son tour, ses vieux discours
J’ai jamais été vraiment pour

La vie sombre
C’est son souffle atténué par la buée
Qu’on étouffe à s’en tuer la santé
C’est rester sur la touche, le teint louche
La gueule, blanche et farouche

La vie sombre
C’est qu’il oublie quel était son rêve
C’est s’déchirer sans jamais faire de grève
Face, ou pile, réel est l’exil
T’as plus qu’à faire la file

La vie sombre
C’est les clopes entassées, empilées
Les salopes étalées dans l’étrier
L’espoir qui galope, la gueule étalée dans la flotte
Finir entouré d’aucun pote, j’aimerais tant t’dire qu’il fut un temps où t’avais tant la côte

La vie sombre
C’est l’élan qu’ils ont eus au début
D’les voir rester déchus, et surtout d’les voir s’avouer vaincus
Les pleurs s’étendent, à perte de vue
Les voir revenir déçus, des amis en qu’ils avaient cru,
Trempé à la porte quand il a plu, si seulement ils avaient su…

Si seulement ils avaient su…

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