DANS UN HÔTEL

13h10, Le 02/09/18

Les yeux vers les cieux

Tu sais, c’était comme un bar et ses chaises
Les festivités, les commodités et leur malaise
Des reflets glacés, terrifiés, rien ne les apaisent
Ils se sont tous trahis et jetés d’une falaise

Qui n’a jamais voulu s’agenouiller, respirer
Qui a su résister ? Qui ne s’est jamais échappé ?
Qui a pu prétendre qu’on pourrait s’équilibrer
Quoi de pire que se voir soi même sombrer

C’est voir tes amis hésitants, le regard fuyant
Te rappeler leurs arguments quand il était temps
Mais personne ne t’en aurait voulu, et pourtant
Tu as choisi de te ranger au plus mauvais rang

Tu avançais le long de cette file aux visages
Écrasés par leurs histoires, terrifiés par l’orage
J’ai juste vu dans leur blancheur la rage
J’ai entendu sur leurs lèvres, tout un ravage

De leur certitude oubliée, la bien belle illusion
Sans jamais hésiter j’y plongerai, quelle question !
Mais les larmes de la réalité sont souvent amères
Te remémorer l’amour et les caresses d’une mère

Le soudain contraste entre la pointe dans ton bras
Et, enfant, la chaleur réconfortante de tes draps
Il y a dans chacune de tes courtes inspirations
Le bruit d’un mouchoir et de ta dépression

Ils étaient tous immanquablement adorables
La fleur de l’age, le parfum, l’humeur favorable
Toutes ces belles expressions à faire pleurer
Tous tes seringues et tes aiguilles éparpillées

Je crève d’envie de dire c’est pas grave
Que ce n’est pas terminé, que tu es brave
Qu’il y a encore de l’espoir dans le noir
Que ton erreur est pardonnable dès ce soir

Mais je t’en supplie, réveille toi, je t’en prie
J’aurais des décennies pour t’argumenter la vie
Te prouver combien c’est possible autrement
Que tu peux vivre heureux, sans médicaments

C’est te voir effrayé en prônant une fausse joie
Entrevoir dans tes paroles, pas une fois
Une quelconque estime de toi, un seul rêve
car il n’y a pas eu un temps mort, pas une trêve

entre le goulot de ta première bière et tes rails
tu n’as pas aperçu, tu n’étais pas de taille
pour affronter ce que tu n’a pu soupçonner
mais trop tard, c’est fini, ton cœur s’est arrêté

sans cesse, je t’ai crié, d’arrêter d’abuser
t’as préféré ne pas m’écouter et t’en vanter
Les échos de ta voix dans ce bien triste tunnel
Le vide dans tes yeux, ça, ça c’était mortel

Car rien n’y scintillait Frédéric, pas une lueur
Pas la moindre lumière de ta funeste fureur
Ta peau n’est devenu qu’une sèche enveloppe
Un contenant usé, consommé, brûlé par la clope

C’est bien désolant de voir ces régiments
Entretenir et fortifier d’interminables rangs
C’est diabolique, c’est dément, c’est indécent
Tous vos cris, vos peines, vos pleurs incessants

Y a-t-il pire prison que celle d’un univers
Au prix d’la liberté, tu t’es noyé en mer
Entre l’écume et les vagues de tes erreurs
Tu as coulé tout au fond de tes peurs

Désespérément, je m’adresse au proche milliard
Qui trébuche, qui s’efface, le teint blafard
Levé vos yeux vers les cieux, juste un instant
Et regardez le vent, prenez tous votre temps

Car il n’est pas trop tard, non, jamais trop tard
Pour que tu te lèves maintenant pour t’apercevoir
Ton existence dans ce triste espace, être et avoir
La chance d’entreprendre, de vivre et de savoir

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