





EN PLEINE FORÊT
15h48, Le 02/08/22
Pas de faux semblants. Face à moi-même dans ce voyage, je frôle les voitures et vous croise dans la rue, l’introspection reste la même. J’avance seul, je traverse les villages, les métropoles. Je vous interpelle du bout d’un chemin pour m’assurer si je peux m’installer une nuit dans cette forêt. Vous me saluez et me remerciez lorsque je passe dans un commerce, lorsque je m’arrête déjeuner quelque part, où boire un café. Mais je ne reste pas, le chemin est devant. J’avance un peu chaque jour pour me découvrir un peu plus.
Je suis parti, sans savoir lorsque je rentrerais et je ne sais pas ce que je découvrirai dans ce voyage.
J’ai peur. Très souvent. Peur du ridicule, de l’échec, de manquer de force, de courage. En réalité, j’ai peur de tout : C’est la raison de ce voyage. Comprendre qui je suis, mon rôle sur cette terre, comment m’accomplir et réaliser ce pour quoi je suis né.
Tout à l’heure, je traversai la frontière pour arriver en Allemagne, et je me sentais seul. c’était vertigineuse, mon corps m’écrasait : Comment être sûr d’y arriver ? Que dois-je faire ? J’avais mon idée de départ, mais tout change si vite ! Mes idées bourdonnent mais laquelle choisir ? Dans quelle direction aller ?
J’ai regardé quelques vidéos d’autres personnes parties en voyage pendant une longue durée pour m’inspirer, trouver la force. J’ai appelé un ami de longue date pour parler, échanger, et je suis forcé d’admettre, que cela m’a fait le plus grand bien.
Voilà ce que je découvre au fil de mon voyage, c’est en quittant le bain de foule, le boucan de la civilisation que je comprends comment apprécier l’échange. Enfin.
Je suis parti avec 3 grandes idées en tête : Création, Altruisme, Partage.
Ce en quoi je crois vraiment. Mais est-ce si facile de se connaitre ? Qu’est ce que j’aime au fond de moi ? Surtout, qu’est-ce que j’ai réellement choisi dans ma vie ? Dans mon métier ? Comment démêler le vrai du faux ? L’influence du choix ? Comment faire la différence entre les attentes de mon entourage, et mes souhaits profonds, qui se trouvent justement si opposés ?
Je ne peux pas mentir, ce voyage est une fuite, un refuge temporaire, une retraite, mieux, une initiation. Et je l’avoue, garé au fond d’une forêt noire, dans un silence complet, une nuit ne suffit pas à sonder les profondeurs. Plusieurs nuits sont indispensables et là, seulement ressurgissent les mensonges et le déni. C’est ce choc frontal que je cherche perdu dans la nature. cette vérité dépouillée de toute distraction de toute déconcentration. Ici pas de médicaments, de drogue, d’alcool, ou de sucre. Pas d’échappatoires.
Ici, pas de bruit non plus contre lequel pester, ni de personnes pour diluer l’horloge, de discours stériles pour s’épuiser l’esprit, de taches matérielles pour se fatiguer. Tout est ramené à l’essentiel, c’est un affrontement personnel face auquel personne ne peut m’aider ni me sortir d’affaire.
Dans ce combat, il y a des moments de grâce, puis soudain, des élans sombres, je perds pied, et d’un coup de vent, la paix s’installe. Je me sens balloté. L’esprit se dévoile, j’esquisse sa nature : rien à quoi se raccrocher, pas de sens, de logique au flux continuel de l’âme. Les pensées s’écoulent au compte-goutte, puis une vague, un raz de marée, une pluie délicate pour laisser place à une lueur réconfortante. Il n’y a pas de consistance, ni de matière. Un seul ennemi subsiste : La peur du vide.
” Et si … “
Une pensée effrayante passe. Tentez de la manipuler et l’engrenage vous broiera les mains, rien n’y échappera. Ajoutez la fatigue, la vie moderne, et c’est votre corps anéanti qui subsistera, votre cerveau qui s’évidera de lui-même, tournera en boucle comme un vinyle usé : la dépression ou le burn-out. A vous de choisir.
Impermanence. J’essaye de laisser passer. Je ne force pas. Et je n’y parviens pas à tous les coups. C’est comme ça.
En fait, j’ai toujours été un garçon peureux, mais je refuse de laisser mes frayeurs m’agenouiller. J’ai peur, rien d’anormal, c’est bien le problème.
En glissant sur les kilomètres de routes, de campagne, la terreur du vide est omniprésente. A force de la côtoyer au quotidien, la durée de mon voyage m’oblige à l’apprivoiser, soit je l’accepte, sois j’échoue. Je la regarde en face, la mate comme il faut. Elle doit se tenir, comme je lui en donne l’ordre. Voilà la lutte que je mène en partant seul dans des lieux reculés.
Je construit du néant la force dont j’ai manquée pendant tant d’années.
Voilà ce que l’introspection offre. La persévérance, n’est pas quelque chose que l’on possède, elle s’invoque en visant, en gardant en joue, à n’importe quel prix. L’obstacle est franchi, c’est acquis. C’est inscrit. C’est cette croyance qui maintient mon voyage.
Les jours passent, la solitude m’ouvre les yeux : le lien humain est indispensable à toute vie équilibrée. Aussi approximatif, imparfait soit-il. Il y a quelque chose de sacré, de pur dans l’échange.
Chaque être porte sa pierre à l’édifice et la dualité de notre société, l’opposition permanente entre les êtres est source de progrès. Elle est la nature même de la richesse.