AU BORD D’UN LAC

00h08, Le 10/03/22

J’avance. Chaque foulée telle une chute. D’un pas lourd, j’effleure ma vie. En peine de directions, d’horizons, j’erre, je glisse. Le vertige. Toujours le vertige. Une nausée quotidienne. Chaque mouvement remue, d’une peine à l’euphorie, d’un tremblement à l’oubli.


J’avance. La légèreté assourdissante de l’être m’écœure. Je tombe un peu plus. Le souffle écrasé par une inspiration abrutissante. Les évènements tel un cristal craquant, arrache d’une étincelle, de leurs reflets ma peau asséchée par l’impalpable. La confrontation du néant et d’un infini pesant.


J’avance. Je brutalise. J’exécute les circonstances d’une rage écarlate. Je dérobe chaque parcelle des écorces du quotidien. Tout se fracture, et des poussières, des morceaux, je m’accroche aux rebords du rêve. Le temps tel une ronce en mon cœur grimpe à chaque seconde. La progression sourde, les épines lacérant à mesure d’une vie l’espoir qu’il reste.


J’avance. Brûles-en mes mains le néant des possibles. D’une rougeur, j’échauffe ma lame d’une pitié impartiale. Mon expérience affute, mes déceptions affinent, mes gloires l’illumine. Élancée par la volonté, de trajectoires assumées, pourtant imprécise. Qu’en reste-t-il ? Le tranchant effilé, je m’affaisse, à genoux devant le cycle invincible d’une vie trop immense. D’épaules larges mais de piliers branlants. Je construis au milieu du vide des autres.


J’avance. J’épouse l’insaisissable. Chaque élévation s’enfonce dans les sables. Ma main caresse mes édifices passés, quelque part, je les sens miens, puis aussitôt, je me sens frêle. Les tympans évanouis par la violence de l’explosion. Ce foutu néant. Le tyran noir ronge chaque teinte. Des œuvres les plus vivaces, rien ne subsiste. Pas une teinte ne résiste à ce silence. Sa brutalité est assourdissante.

Au commencement, on s’affole de sa présence. Les heures révèlent à chaque mesure la gravité de son infini. Les cris ne peuvent résonner, les larmes ne sèchent plus, terrassé, on comprend soudain, La terreur du néant c’est l’absence de nous-même.

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