



SUR UN BANC
20h05, Le 31/07/22
Être soi-même, Être soi-même ! Comme si c’était si simple, si évident qu’une phrase de trois mots. Je ne serais surement jamais moi-même. Plus j’avance dans la vie, plus les racines des arbres s’endurcissent comme mon expérience, elles ont beau grandir, elles restent bien immobiles.
Changer ? Grandir ? Mais comment pourrais-je faire omission de toute une vie de structure cognitive et émotionnelle ? Je déteste ces injonctions. Elles sont un frein à l’être, que sans cesse nous dénions par les mots, et les pensées. J’ai abandonné toutes ces directives après m’être usé à les respecter à la lettre.
Être soi-même, comme si une stabilité ferme était envisageable en tant qu’être humain. Un jour viendra, nous serons parfaitement ajustés, demain peut-être, mais surtout, surtout pas aujourd’hui.
Finalement, je me moque d’être moi-même, ce qui m’importe, c’est d’évoluer, de tendre vers une version nouvelle, non pas meilleure. Je souhaite vivre heureux en étant incomplet, trouver le juste équilibre entre vouloir devenir, et se satisfaire de ce que l’on est.
Être soi-même ? Mais est ce que notre société nous permet-elle seulement de l’être ? Comment l’espérer lorsque chacune de nos interactions sont mise en boite par des couches de civilisations, de règles de courtoisie ? A chaque être sa propre langue, et nous voudrions tous accéder et assumer ce que nous sommes ? Mais il n’y a pas la place pour ça !
Être soi même est une direction. Et j’ai envie d’emprunter cette voie.
Cette course à la productivité est insupportable, elle est l’essence du mal-être moderne. Nous agissons plus pour respecter des processus, et à mesure que la technologie nous possède intégralement, qu’elle s’est installée au cœur de chacun de nos actes, j’ai l’impression qu’elle nous force à être sans failles, qu’elle exige de nous son reflet.
La régularité informatique nous consternent au point d’en éprouver une certaine admiration. Un culte tel que nous souhaitons nous augmenter sans même savoir pourquoi. Le comment prend toute la place de nos êtres, comment se déplacer, comment manger, comment travailler, comment se sécuriser, comment s’entretenir, mais qu’en est-il des pourquoi ?
La course effrénée apporte des applications sans cesse plus efficaces les unes que les autres, au point de nous abrutir, nous rendre amorphe, incapable du moindre effort physique ou mental. On conçoit des outils sensés nous faire gagner du temps, et pourtant dont l’apprentissage est chronophage.
Quelle est la finalité ? Pourquoi allez plus vite ? Quel est ce foutu moment qu’on risque de perdre en ne se précipitant jamais assez ?
Courir pourquoi pas, Mais pour aller où ?