


DANS UN MARÉCAGE
19h59, Le 23/07/22
A toi le désir que je n’ai jamais eu. L’être que je n’ai jamais pu étreindre de toute mon existence. D’idées franches et de folies furieuses. De colères inutiles et de chaleurs érotiques. Tu marches comme tu respires. Allant et venant, plantant des racines sans avenirs. Des larmes sans réconfort. Des nuits sans fin. Aimer seul, c’est s’éteindre à chaque élan. C’est effleurer les choses, sans y pénétrer.
Caresser du regard les femmes d’un univers inconnu. D’un déchirement certain et persistant. Durable et intenable. Si tu savais m’entendre, j’aurais des romans à t’écrire, tant de mots pour te retenir un peu plus de partir. Des leurres auxquels tu croirais presque, juste pour me faire sourire. Des mensonges qu’on caresse, pour oublier, s’oublier dans ton enveloppe charnelle.
Dans l’absence lumineuse de ma vie, les lueurs s’effacent, carbonisent le peu d’élan qui reste. Oser t’approcher. Te dire combien tu me manques. Comment je marche sur le fil avec la dureté des années passées dans l’absence.
Être, à quoi bon si toute saveur se meurt dans ma tête seulement. On récite des chants, espérant interpeller, chasser le silence. Briser le mur de ma solitude, rien ne tue plus un homme. Quel autre destination si seules les tables des autres sont vivantes ?
Tu ronges le peu qu’il reste. Ce n’est pas un pilier qui s’effondre au gré des vagues qui m’arrache les larmes, mais un temple que seule toi aurait pu connaitre. Si j’avais seulement pu t’aimer, savoir te donner, alors tes yeux m’aurait pardonné.
Les marches du monde, celles du chemin qu’on arpente, brisent nos membres à mesure du temps. Elles m’intimident, alors je disparais dans mes songes, pour mieux l’oublier.