DANS UN RESTAURANT

23h22, Le 10/03/20

Dépression assidue et thon en conserve à la Harissa. Le temps m’écrase d’une torpeur tellement abrutissante. Les phénomènes, semblables, se confondent et m’épuisent. Les minutes sont sales, grasses. Les secondes poussiéreuses. Je n’en sais que trop peu ce qui m’éreinte. Devoir, inlassablement, tirer, pousser ma propre carcasse puante, où la sentir happée par l’invincible vie, reine du monde, dictateur des consciences et des êtres.


Qu’importe la chose, tout est soudainement dénué de tout éventuel plaisir ou saveur exquis si ce n’est ces biscottes au maïs. J’aime manger le ridicule. Disparaître dans l’absurde. Vivre s’apparente à un labeur, une pénitence sourde. Faute d’être en mesure de saisir la joie, pulvérisé de voir des fuites passagère de bonheur s’évader de ma vie sans pouvoir retenir l’une d’entre elle. Aucun être ne saurait remédier à ma folie.


Être m’irrite, je gratte, j’arrache la surface des choses avec une énergie trop décadente, indécente. A force de décaper les couches souterraines de mon existence, mon cœur à vif se corrode, s’oxyde à force de brûlures, de pensées acides.


Que voudrais tu que je t’annonce toi la femme que je n’ai jamais eue ? La douceur vitale des cœurs. La folie des hommes. L’incarcération innée. La soumission scellée par l’anneau, sceau de l’impuissance. Emblème des êtres fous à lier.


Une lame, des veines et la peine. La surpuissance de se soumettre à soi-même et la force implacable de notre respiration vacillante. Perpétuelle, insaisissable. Encore et encore.
Peur de la mort ? Pourquoi une telle folie pour le seul jour de transcendance que nous vivrons comme une libération tant attendue ! Mourir est un supplice pour ceux qui s’accrochent, une délivrance pour le prisonnier.


Rendre les chaînes d’une liberté trop lourde à porter. Dans un univers où s’accomplir me dicte mon vécu, vivre est un ordre, agir un leurre.


La voie lactée, mirages et étoiles, me bercent, me réconfortent alors pénètre en moi brutalement la poudre de ma peine, l’amour manquant qu’elle dynamite de l’intérieur. En te volant ta liberté, en t’imposant ma propre pénétration, En exerçant mon pouvoir sur ta présence. Te voilà dans mes veines à transpirer de tous mes pores.

Mon mal être s’exacerbe, voilà pourquoi je ne sais que te remercier :
Tu me rappelles mon existence, tu ravives mes ressentis et ma douleur. Se sentir presque vivant qu’importe la sensation. C’est déjà bien trop.

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